Beaucoup d’énergie, d’enthousiasme et de passion
Nadine Simon, infirmière dans le service psychiatrie, est une des initiatrices du « Marché Solidaire ». Le projet vise à aider les patients à redécouvrir leur savoir-faire, leur créativité, leur imagination et leur joie de vivre, que certains pensaient avoir perdus depuis longtemps. Aujourd'hui, elle nous raconte comment ce projet a vu le jour et son vécu tout au long des derniers mois.
Comment est née l’idée du « Marché Solidaire »?

Fin 2019, alors que je demandais à la responsable, Aurélie Lereboulet, un jour libre pour participer à un cours de couture, elle m’a demandé si je pouvais réfléchir à la création d’un atelier couture avec les patients. Puis, de fil en aiguille, elle a parlé de marché de Noël, devenu ensuite marché solidaire. Sur son initiative nous avons constitué un groupe de travail avec des soignants de psychiatrie aigüe, de gériatrie, et d’ergothérapeutes.
Chacun a réfléchi alors à ce qu’il pourrait concrétiser avec les patients. Lors de la rencontre suivante nous avons choisi ensemble parmi nos prototypes ce qui était réalisable par les patients, en privilégiant ce qui nous permettait d’utiliser au maximum du matériel de récupération. Nous avons organisé des achats, de tissu, colle, paillettes, fils, aiguilles, puis fouillé nos tiroirs et placards. Le départ de la magie de la solidarité est arrivé avec les dons que nous avons reçus. Cadeaux multicolores d’une valeur inestimable.
Dès mars les premiers ateliers ont commencé avec beaucoup d’énergie, d’enthousiasme et de passion, de la part des soignants, et des patients. Traverser l’hôpital en plein mois de mars avec une machine à coudre et un sapin de Noël n’a laissé personne indifférent. Il nous a alors fallu expliquer que oui, au début du printemps, nous préparions Noël.
Quelles sont les activités proposées dans les ateliers dans le cadre du « Marché Solidaire »?

Les patients ont pu travailler le bois scier, clouer, coller, percer, peindre. Dans des ateliers créatifs ils ont découpé, collé, mesuré, cousu différentes matières. Chaque activité a été l’occasion de se concentrer sur l’ici et maintenant, de se dépasser et de se découvrir des capacités ou de retrouver des gestes qu’ils pensaient perdus.
Quelles sont les œuvres réalisées ?
Nous vous laissons la surprise de venir les découvrir.
Chaque œuvre a été réalisée à la main et aussi petite, ou imparfaite soit elle, elle représente une somme d’énergie, de créativité, de patience, de persévérance, d’humilité, d’espoir, de solidarité, d’entraide, de prise de risque, de dépassement de soi, de joie, parfois de souffrance, de rire, de plaisir, de surprise, et d’amour.
Comment se déroulent les ateliers ?

À chaque atelier, je réexplique le projet du « Marché Solidaire », montre dans le détail ce que nous allons réaliser et le produit fini. Il s’agit ensuite d’être auprès de chacun, de respecter son rythme, ses capacités, son autonomie, sa fatigue, ses émotions, la maladie psychiatrique étant au premier plan il est impératif de se centrer sur le patient en priorité. Parfois un patient peut réaliser un objet du début à la fin, parfois il ne peut faire qu’une seule étape, à nous de repérer et adapter. Il faut répartir les tâches au fur et à mesure, accompagner, soutenir, stimuler sans presser, être attentif à tous en même temps.
Quel est votre vécu de ces ateliers ?

Beaucoup d’émotions positives
En premier lieu de voir des patients se dépasser, de communiquer d’une manière différente avec eux, de découvrir leur limites ou capacités, d’observer l’évolution de leur créativité en même temps que l’évolution de leur santé. J’ai aussi eu le plaisir de travailler en équipe, de participer à la création d’un projet du début jusqu’à sa réalisation, car quand le projet a débuté, en pleine pandémie, nous n’avions aucune certitude de son aboutissement.
Comment les ateliers du « Marché Solidaire » contribuent à la guérison de nos patients ?
Plutôt que de grandes phrases je vous transmets un texte écrit par un patient :
